Mon experience à la Spartan Race Beast de Killington, Vermont, USA


Depuis mes débuts en course à obstacles en 2013, La Spartan Race Beast du Vermont à toujours été pour moi l’objectif ultime. Depuis le début de l’année 2014, lorsqu’un ami m’a demandé si je voulais l’accompagner à cette course, moi qui n’avais que 4 courses à obstacles à mon actif, je lui avais répondu que j’allais faire la Spartan Race Super d’Ottawa (15km) et que si cela se passait bien, j’irais avec lui. Comme décrit dans le texte « La fois ou j’ai frappé le mur », Je me suis planté solide à cette course. Inutile de dire que le projet du Vermont a été abandonné. En 2015, j’ai débuté la saison en force et plus la saison avançait, moins j’étais en forme. J’ai tout de même participé à la Spartan Beast d’Ottawa (25 km), voir mon texte « Mon retour au mont Sainte-Marie ». Je dois avouer que même si ce n’était pas ma meilleure course, j’étais relativement satisfait du résultat. Toutefois, je n’avais pas encore atteint mon objectif de participer à la Beast du Vermont. J’ai pu l’atteindre cette année, le 17 septembre dernier.

J’ai toujours eu beaucoup de respect et de crainte envers cette course, qui est l’une des Spartan Race Beast des plus exigeantes au monde. C’est une course intimidante pour moi qui est un athlète moyen, dans la quarantaine avancé et avec un surplus de poids. À force de repousser mes limites à toutes les saisons, avais-je visé trop haut cette fois-ci? Toutes les fois que je me suis entraîné cet été, j’avais cette course là en tête. J’allais maintenant savoir de quoi j’étais fait.

Je me suis inscrit à la vague “Morning Open”, conséquemment mon départ allait être entre 9h15 et 12h00. J’allais savoir seulement quelques jours avant la course à quelle heures j’allais partir. Comme j’évaluais que je complèterais la course en 11 à 12 heures, j’espérais un départ à 9h15. Finalement : 10h15. Il y avait aussi une heure limite pour compléter la course : 21h00. Ceux qui n’avaient pas terminée, allaient être retirés du parcours pour des raisons de sécurité. J’avais donc 10h45 pour terminer ma course. Mon niveau de stress a augmenté aussitôt…

La course

A mon réveil le matin de la course, la température est plutôt froide : 8°C. Mon ami prend son départ dans la vague compétitive. Je lui souhaite bonne chance et je me retrouve seul. 20 minutes avant mon départ, je rencontre le plus Canadien des Américains qui font des courses à obstacles, Walter Hendrick (OCRSandy). Toujours plaisant de pratiquer mon anglais avec lui! On s’avance dans le box de départ. Je ferme les yeux et j’écoute ma respiration. Je suis tendu. J’essaie de relaxer. J’entends l’animateur prononcer son discours de motivation. Il demande d’encourager et de donner la main à nos confrères spartiates. J’entends des “You got it”, “have a great race” et des “You can do it”. C’est à ce moment que je me rends compte que je suis vraiment à la Spartan Race Beast du Vermont!

Le départ est donné. Je cours un peu avec Walter et il part devant moi. La première partie de la course, se passe sur le plat. J’aime ça parce que ça m’a permis de m’activer un peu avant de tomber sur une montée. Au début de la course, quelques obstacles faciles : balles de foin, Wooden Horse, avant d’attaquer une première montée. Ensuite vient le premier Barbed Wire. Je constate que c’est plus bas qu’au Québec et surtout plus long! Ensuite vient un mur de 6 pieds, de la montée et un mur de 8 pieds. J’ai demandé l’aide d’un Spartiate pour le traverser. La température se réchauffe. J’arrive aux Monkey Bar, il est en réparation. Merci mon Dieu, car habituellement je fais des Burpees à cet obstacle! Ensuite une série de murs de 5 pieds et une bonne montée abrupte et difficile sur terrain accidenté. Je commence déjà à pomper l’huile. Une fois en haut, je m’arrête quelques minutes pour reprendre mon souffle et prendre mon premier gel. La journée s’annonce longue! Toutefois, la vue est superbe d’en haut, il y a des montagnes partout au loin. C’est de toute beauté! Je repars et j’arrive au Bucket Brigade, une chaudière que l’on doit remplir au complet de gravier pour ensuite la transporter sur une boucle interminable qui monte dans la montagne. Bon sang que c’était lourd! 70-75 lb? J’ai posé ma chaudière à plusieurs reprises. Je commençais déjà à être brulé! Ensuite les obstacles Over/Under/Through, Stairway to Spartan et le Hercules Hoist. C’est lors de ce dernier obstacle, que de façon tout-à-fait inattendue, j’ai effectué mes premiers burpees. C’était particulièrement lourd, beaucoup plus qu’au Québec.

Après un dizaine de kilomètres, j’arrive au lac. Il faut nager pour se rendre à un pont de bois; monter une échelle de corde attachée sous le pont et une fois en haut, utiliser 6 cordes Tarzan Swing sous le pont et taper la cloche. J’attrape ma veste de sauvetage et met un pied à l’eau, elle est très froide. Le contraste avec mon corps en sueur est vraiment affolant! Sur le coup le souffle me coupe, mais ça passe. Une fois à l’obstacle, l’échelle ça va bien, mais je savais que je ne traverserais jamais les Tarzan Swing. J’attrape la première et je glisse. Chute de 15 pieds et « plouf », de retour à l’eau. Un arrêt sur la terre ferme pour 30 burpees. Ensuite, de retour dans le lac pour environ 250 mètres.

À la sortie du lac, il fait bon courir! Les obstacles suivants sont la Tyrolienne que j’ai ratée donc 30 burpees, un 2e Barbed Wire toujours aussi bas et aussi long, des Mud Pits, un mur de 10 pieds et un Bucket carry.

Au 18e kilomètre le genou que je me suis blessé lors de la Super Spartan d’Owl’s Head et qui m’a empêché de faire la Spartan Beast le lendemain, commence à me faire mal de nouveau. C’est léger et endurable, mais je devrai être prudent pour le reste de la course. À l’obstacle du Sandbag Carry, je constate que la distance à parcourir est incroyable, encore une fois. Ensuite le Rope climb, où je dois m’avouer vaincu et faire 30 autres burpees. Lors des descentes, mon genou me fait de plus en plus mal, mais je persévère. Normalement, je suis plus rapide lors des descentes, mais je me dois de ralentir.

Alors que j’ai 20 kilomètres de parcourus, je me retrouve à la “Death March”. Une incroyablement longue et abrupte montée de plus de 2 km avec un dénivelé positif de plus de 500m, qui nous mène du bas de la montagne vers le sommet. Au pied de cette montée, j’ai un instant de découragement. Je suis épuisé, j’ai mal partout et comme j’ai été pratiquement incapable de manger du solide lors de la course, je me sens faible. Juste à penser à la montée, ça me coupe les jambes et ça tue mon mental. À ce moment là, j’ai envie de pleurer, mais je n’en ai même pas la force. C’est au long de cette montée infernale que j’ai eu une pensée pour ceux et celles qui m’ont encouragé dans mon aventure et qui me disaient de ne jamais lâcher. J’ai aussi eu une pensée pour ceux et celles qui m’ont dit que j’en serais incapable et que je ne terminerais pas cette course. Je pouvais voir les spasmes qui habitaient mes pauvres mollets, souvent sur le point de cramper. Cette montée, je vais m’en rappeler toute ma vie. J’ai beaucoup souffert. J’ai du puiser dans des réserves inexplorées que je ne savais même pas avoir en moi pour finalement franchir cette montée en 1h30. La descente a été plus difficile. C’était abrupt et mon genou collaborait de moins en moins. J’ai dû être très prudent, car il n’était pas question que je ne termine pas cette satanée course. C’est avec quelques grimaces et très lentement que je suis retourné au bas de la montagne.

Une fois en bas, J’ai réussi le javelot pour une 13e fois en 15 tentatives depuis mes débuts en course. Je suis à bout et je ne veux pas faire de pénalités là ou je ne suis pas supposé en faire. Vient ensuite le transport de la bûche, le mur inversé, la Pierre d’Atlas, le Spartan Rig que j’ai manqué. Donc, encore 30 burpees. Ce sont les burpees les plus difficiles et les plus douloureux que j’ai jamais exécutés. Mes jambes tremblaient comme des feuilles. J’ai pris un temps interminable pour les terminer. Cependant, ce n’était pas important. L’essentiel était qu’il ne me restait environ 400 mètre à franchir. J’ai passé la Slip Ramp, ensuite la pyramide de cargo net d’où je voyais le Fire Jump qui annonce que la course se termine. C’était plus sombre à l’extérieur et ça rendait le feu majestueusement beau avec toutes ces braises en dessous. C’est avec émotion que j’ai sauté au dessus du feu et que j’ai traversé le fil d’arrivée.

Les gens peuvent bien tenter de nous expliquer ce qu’est la Spartan Beast du Vermont, il faut l’avoir vécue pour comprendre. J’ai une fois de plus, repoussé mes limites.

Des chiffres maintenant : 26 km avec plus de 2100 m de dénivelé positif. J’ai terminé la course en 9h34, en complétant 150 burpees et en consommant plus de 5000 calories. Je suis passé par toute une gamme d’émotions lors de cette course : optimisme, découragement, épuisement et douleur. Cependant, une chose restera à jamais : j’ai complété une des courses à obstacles les plus difficiles au monde : la Spartan Race Beast du Vermont! Le parcours était de toute beauté. Beaucoup de sous bois, de belles montées, plusieurs endroits sur le plat où il était possible de courir, des obstacles bien répartis, beaucoup de point d’eau, des bénévoles et des spectateurs enthousiastes… Eh oui, il y avait des spectateurs à plusieurs endroits sur le parcours et pas seulement en bas comme lors de nos courses ici. C’était cool aussi de voir de nouveaux obstacles lors de Spartan Races!

Merci à tout ceux qui m’ont supporté et encouragé, en particulier, ma copine, les amis de 3-seconds, amis WFN et les amis MCQ. Merci aussi à ceux qui n’ont pas cru en moi. Vous avez tous joué un rôle important dans ma réussite.

Maintenant et plus que jamais je peux dire:

Who am I?
I’m a Spartan!
AROO!

Un texte de : Stéphane Carbonneau

Tags: Beast Killington Vermont

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