Ils l’ont l’affaire les… Français ?!?


Comme certains le savent peut-être, la série Spartan Race est présente en France, et ce depuis la première course l’an dernier. Cette année, l’équipe Spartan France organise deux évènements : le premier, un Super près de Paris, a eu lieu le 13 septembre. Pendant que d’autres allaient représenter nos couleurs aux USA, je défendais l’honneur de l’équipe Come And Train en Île de France.

J’arrivais d’un « road trip » de trois semaines et 9000km en Europe de l’Est (pas la meilleure préparation pour une course !) et je passais par Paris exactement à la bonne date ; je ne pouvais donc pas rater cette chance. J’avais hâte de me frotter aux athlètes français cette année, curieux de connaître leur niveau. Mind over matter, ça passe ou ça casse !

Samedi matin 7h30, base de loisirs de Jablines : j’arrive sur place tôt (la course est à 9h). Heureusement, car il me faut du temps pour trouver les 5 toilettes temporaires, installées toutes seules au bout de la zone des spectateurs. Je n’ose pas penser au carnage lorsque des milliers de participants débarqueront plus tard…

À part ce point, l’organisation est impeccable. Stationnement gratuit, zone d’activités dynamique, animateur enthousiaste, musique omniprésente et gros kiosque Reebok sont au rendez-vous. L’inscription est simple, rapide et sans douleur.

Pas la moindre colline à l’horizon ; mais à part ça, les classiques semblent être au rendez-vous : cordes à grimper, grande structure avec filet à escalader, mur à franchir, feu juste avant l’arrivée et, surprise, même les gladiateurs sont au rendez-vous ! On déplore évidemment l’absence du Rig…

Après avoir rencontré Johan, un autre Spartiate franbécois, fait mon réchauffement et laissé mes affaires à mon père qui m’accompagne (une consigne est disponible), je me dirige vers la ligne de départ. Pas mal de gars en forme semblent présents, et l’annonceur confirme la présence de Thomas Blanc, féroce compétiteur qui gagne souvent au Royaume-Uni. « Y en aura pas d’facile », comme disait l’autre. Game face on, je m’approche de l’aire de départ. On vérifie mon bracelet, et hop !, je passe par-dessus un mur pour accéder à la zone de départ… un obstacle avant même de commencer la course, ça promet !

Je me fraie un chemin jusqu’à l’avant, où d’autres gars trop intenses trépignent déjà d’impatience. Un animateur réchauffe la foule, et y arrive superbement : mouvements collectifs, sauts variés et même bodysurfing sont au rendez-vous, en plus évidemment des traditionnels « AROO ». L’ambiance est à son comble, sauf pour les deux premières rangées au départ. J’avoue être un peu blasé maintenant des allusions à Sparte et du discours de début, toujours le même… et je ne suis pas le seul, car comme moi, plusieurs gars sont concentrés sur l’épreuve à venir et ne semblent pas venus pour rigoler.

Un petit signe à Johan, le décompte s’amorce, et on est partis ! Comme d’habitude, des dizaines de coureurs partent comme si c’était un 1500m sur piste d’athlétisme. Je refuse de me laisser entraîner pour ne pas hypothéquer mes jambes prématurément, j’en suis donc quitte pour dépasser les précoces un par un. Le parcours n’est pas trop serré, mais il y a pas mal de lacets et nous sommes souvent dans de l’herbe assez haute, ce qui fait que les dépassements coûtent un peu trop cher à mon goût. Je ne sais pas exactement combien de coureurs sont devant moi une fois le peloton étiré, peu importe, je fais ma course.

J’ai les jambes un peu lourdes, et j’ai trop mangé (mon erreur habituelle), mais ça va à peu près. Les obstacles commencent à s’enchaîner, rien de bien spectaculaire au début, bottes de foin, over/under, barbelés assez bas, etc., mais ils ne nous laissent pas beaucoup de répit ; j’ai à peine atteint mes pulsations de croisière quand une pancarte annonce le 9ème obstacle !

Au fil de la course, je me rends compte que j’ai affaire à de très bons coureurs. Comme il n’y a pas de dénivelé, il n’y a pas de ralentissement non plus, et le rythme est soutenu. Mes adversaires se débrouillent bien sur les obstacles au sol (barbelés, murs bas, etc.), mais ont en général moins de succès sur les structures plus acrobatiques. J’en dépasse un aisément au franchissement de la structure avec le filet. Je gagne aussi du temps « gratuitement » avec la technique du hot dog sous les barbelés, donc je compense pour la course.

La plupart des obstacles sont de difficulté assez standard : on notera le tractor pull, le transport de sac de sable, il y a même une version allégée du transport de seau plein de gravier à remplir soi-même, moins long et moins lourd qu’au Vermont, mais sur un terrain très accidenté et glissant. On notera aussi une courte portion aquatique, et, ironiquement, un obstacle appelé le « Hobie Hop », qui consiste à passer à travers un champ de pneus en sautillant, les jambes attachées entre elles avec un élastique.

Le lancer du javelot intervient relativement tôt dans la course. Je ne rate jamais le javelot. Je m’avance donc, confiant, et content de voir qu’une bonne demi-douzaine de gars sont en train de souffrir à travers leurs burpees. Je choisis un javelot assez droit, la cible est petite, mais pas trop éloignée, aucun problème. Je lance… et rate misérablement, le javelot passant à quelques centimètres de la cible à droite. J’ai peine à y croire, pour la première fois de ma saison compétitive 2014, je vais faire des burpees de pénalité !

Heureusement, des burpees, j’en ai fait régulièrement à l’entraînement, et à ma grande satisfaction, je passe à travers rapidement et facilement. J’aurais pu gagner beaucoup de positions en les évitant complètement, mais je me console en voyant que mes concurrents souffrent plus que moi. Je ne vois pas beaucoup de gars réussir leur lancer, d’ailleurs. Surprise agréable : de nombreux bénévoles nous surveillent de très près, s’assurant que l’on touche par terre à chaque répétition et comptant les burpees avec nous. Un arbitre fait d’ailleurs compléter 2 burpees supplémentaires à un coureur qui en avait oublié deux. Allô Spartan Canada ?

Pendant le reste de la course, j’essaie de gérer le rythme au mieux, économisant mon énergie pour en avoir à la fin. Je sais que la course ne sera pas très longue (faute de dénivelé), mais mes réserves semblent s’épuiser un peu plus vite que d’habitude, sûrement parce qu’on court un Super à l’allure d’un Sprint…

J’arrive au Hercules Hoist. Pas de bonbonnes de barbecue, mais plutôt des sacs de sable. Je suis surpris de voir un gars faire des burpees… il a sûrement laissé tomber le sac trop vite, c’est chien. J’agrippe la corde, je tire un bon coup… et je décolle immédiatement du sol ! Poulie bloquée ? Ah non, le sac bouge un peu avant de retomber. Oh-oh… j’y mets un peu plus de technique, je plante mes pieds par terre, et j’essaie de m’assoir. Le sac commence à se soulever, lentement… très lentement… La corde est élastique, j’essaie tant bien que mal d’utiliser les rebonds à mon avantage. Pas question de faire d’autres burpees ! Je n’arrive pas à m’asseoir, je suis trop léger, ou alors je manque de technique, je ne sais pas, mais avec de la force brute, et nourri par les encouragements des bénévoles, j’arrive péniblement à faire monter le sac jusqu’au bout. Je remercie tout le monde avant de repartir, la fatigue compensée par la satisfaction d’avoir relevé le défi. Enfin un VRAI obstacle, qui me rappelle le premier Hercules Hoist de la saison au Sprint de Tremblant.

Un autre obstacle particulièrement dur : des gros pneus de tracteur à tirer à même le pneu jusqu’au bout de leur corde retenue par un piquet, et à ramener ensuite au point de départ en tirant sur la corde. Quand je tire sur le pneu la première fois, j’entends de multiples craquements dans ma colonne vertébrale, m’indiquant que ça ne sera pas du gâteau. Je maudis intérieurement Michelin.

Les barbelés sont multiples, certains assez hauts pour simplement se pencher, et d’autres assez bas pour accrocher mes nouveaux shorts (il me faut un sponsor vêtements !), et l’un d’entre eux est très long. Pour éviter d’être étourdi et pour ne pas avoir de crampes, je change de sens de rotation régulièrement. En masse de boue, cailloux à profusion… pas étonnant que je sois maintenant couvert d’éraflures !

Ça commence à sentir la fin : j’entends la foule, il y a de plus en plus de spectateurs le long du parcours… j’essaie d’accélérer, avec des résultats mitigés. Je me venge sur les derniers obstacles : je traverse les monkey bars à une vitesse qui ferait honneur à Dom de Platinum Rig, je grimpe la corde sans les jambes (chest bras !) en dépassant un adversaire en difficulté, je passe le dernier mur haut sans coup férir (un des leaders a apparemment eu beaucoup de difficulté à le passer), et c’est le traditionnel saut par-dessus le feu, 29ème et dernier obstacle. Le gladiateur n’oppose pas de résistance, je suppose qu’ils n’entreront en action que lors des vagues open.

Quelques high-five et poignées de main (sans oublier la précieuse médaille) m’attendent à l’arrivée, mais pas d’écran avec résultats. Bof, j’ai fait des burpees et une course moyenne, ça ne doit pas être extraordinaire de toute façon. Mon père me dit que je dois être dans les 15 premiers. Pas mon top 10 habituel, mais compte tenu des circonstances, ça aurait pu être pire.

1-2 heures plus tard, les premiers résultats sont déjà disponible (bravo Trumin !). Je suis finalement 10ème, sur un peu plus de 5000. Mission Top 10 accomplie, je suis somme toute content, même si je ne peux m’empêcher d’enlever 1m30 à mon temps pour voir où je serais arrivé sans burpees… c’est d’autant plus frustrant que sur une course d’une heure environ, je suis à un peu moins de 7 minutes du gagnant (Thomas Blanc). À mon avis, nos meilleurs athlètes lui sont supérieurs. On le saura assez vite, car il sera au Vermont.

En bref, une super course, beaucoup d’obstacles dont certains étaient particulièrement costauds, un parcours utilisant au maximum le terrain, très bonne organisation, des arbitres consciencieux, et un niveau de compétition relevé : on peut difficilement demander mieux ! De quoi avoir hâte au dernier défi de la saison : un Trifecta en un weekend, au circuit Paul Ricard, entre Marseille et Toulon. Je ne serai pas seul, en plus… je vous raconterai.

Résultats : https://live.trumin.com/results/5406fe1debb24a958198ce43

Un récit de: Sébastien David
Correction et révision: Éric Julien
Crédit photo: Spartan Race France (no 5, 6 et 8)

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